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Regards croisés sur la transformation des métiers du gaz

Regards croisés sur la transformation des métiers du gaz

Arrivée des nouveaux gaz, digitalisation, évolutions sociétales : le secteur de l'énergie s'est réinventé ces dix dernières années et va continuer sa mue au cours des prochaines décennies. Des transformations que vivent au quotidien les gaziers et gazières, sur le terrain. Christelle Rousset, responsable développement mouvement de Gaz et Lionel Legros, technicien spécialisé maintenance, nous partagent leur expérience et la façon dont ils imaginent l'avenir de leurs métiers.

Quelles sont les principales transformations que vous avez observées depuis votre arrivée chez Teréga, et comment ont-elles changé votre quotidien ?

Christelle Rousset : Le passage à la TRF (Trading Region France) en 2018, place de marché unique en France, est à l'origine des modifications significatives du pilotage de notre réseau et de l'utilisation de nos stockages. En effet, désormais, les expéditeurs peuvent modifier leurs nominations de capacités dans une même journée, c’est-à-dire la quantité de gaz qu’ils souhaitent acheminer, ce qui impacte les flux et occasionne des changements fréquents de configuration de réseau pouvant aller jusqu’à une inversion de ces flux durant la journée. La volonté de Teréga d'être un acteur majeur de la transition énergétique a également fait évoluer nos activités. Dans mon métier, l’arrivée des nouveaux gaz et d'outils digitaux innovants a changé la façon de travailler. La multiplication des postes biométhane, notamment, implique un suivi tout particulier, et occupe beaucoup les opérationnels que ce soit au service mouvement de gaz, à la Coordination Technique ou en lien avec les territoires et les opérations spécialisées. Enfin, les groupes de travail se multiplient avec les autres opérateurs gaziers. Ceux auxquels je participe concernent le biométhane, et mon entité est aussi sollicitée pour réaliser des études réseau pour l'arrivée du CO2 et de l'hydrogène.


Lionel Legros : Les nouveaux gaz, comme le biométhane qui prend une place croissante sur nos réseaux, ont fortement modifié le quotidien dans le domaine des opérations spécialisées. Par exemple, les métiers de l'odorisation et de la qualité gaz ne cessent de prendre de l’importance. Le biogaz produit doit en effet répondre à des critères d'analyse, comme l'absence d'eau ou d'oxygène, avant d'être injecté dans notre réseau de transport sous forme de biométhane.

Quelle place occupent les enjeux de sécurité, sociétaux et environnementaux dans votre métier ?

L.L : La sécurité a toujours été notre priorité absolue. Désormais, la généralisation des outils digitaux permet d’anticiper encore plus nos interventions. Tout est planifié en amont et les informations sont transmises à nos partenaires sur le terrain pour toujours plus de sûreté. Le volet environnemental prend aussi une place grandissante, avec beaucoup de projets en Recherche et innovation (R&I) en collaboration avec les experts métiers, la DPI et notre filiale Teréga Solutions. En ce moment, par exemple, nous testons de nouvelles garnitures à l'azote sur nos installations pour limiter les rejets de gaz à l’atmosphère. Nous apportons notre expérience de terrain sur ce qui pourrait encore être amélioré dans l’exploitation de notre outil industriel.

C.R :  La sécurité guide nos activités au quotidien. C’est notre préoccupation première. Nous réalisons des exercices de gestion de crise à la maille mensuelle afin d’être préparer au mieux en cas d’évènement à gérer sur le réseau. Par ailleurs, la maîtrise des impacts environnementaux se retrouve aujourd’hui au cœur du pilotage quotidien du réseau. Par exemple, nous avons mis en place un outil d’aide à la décision qui permet d’ optimiser et rendre plus efficiente l’utilisation de notre parc de compression dans le but de limiter les rejets de Gaz à Effet de Serre (GES).

Observez-vous une évolution des profils intégrant les métiers du gaz ?

L.L : La montée en puissance de l’informatique industrielle a changé des choses : non seulement on travaille davantage à distance mais on observe aussi un renouvellement des profils parmi les jeunes qui se lancent dans la profession. Pour tous les métiers automatismes, instrumentation ou qualité du gaz, je vois maintenant arriver des jeunes ingénieurs alors qu’il y a cinq ou dix ans, un BTS était la norme. 

C.R : Il commence aussi tout doucement à y avoir plus de femmes. Par le passé, j'ai travaillé sur des sites industriels avec des populations quasi exclusivement masculines. Cela évolue un peu. Il y a aujourd’hui un peu plus de femmes sur des postes techniques. Je le constate également parmi mes homologues chez les autres opérateurs gaziers. Mais certains postes, notamment ceux qui requièrent de travailler en exploitation ou en maintenance restent difficiles à féminiser.

Qu’aimeriez-vous dire à des jeunes, et notamment des jeunes femmes, qui aimeraient se lancer dans les métiers du gaz ?

C.R : J'encourage vraiment les jeunes femmes attirées par le monde de l'industrie à ne pas hésiter. Nous y avons totalement notre place et nous apportons souvent un éclairage différent et enrichissant. Pour ma part, je me suis toujours sentie très bien dans l’entreprise, à tous les postes que j'ai occupés.

L.L : De façon générale, je dirais que nos métiers permettent de toucher à beaucoup de choses différentes : les machines tournantes, comme les compresseurs, le gaz, l’électricité, l’informatique industrielle…  C'est d'ailleurs ce qui me plait. Il faut être adaptable, une journée ne ressemble jamais à une autre, et il y a beaucoup de veille technologique. On ne vieillit pas avec son système, et ça c'est motivant !

Comment voyez-vous votre métier dans 15 ans ?

L.L : Biométhane, hydrogène, CO2... toutes les pistes sont explorées simultanément aujourd'hui, et des tests sont en cours sur un grand nombre de nouvelles technologies. Même s'il est difficile de prévoir exactement où on en sera dans 15 ans, ce qui est sûr c'est que la R&I occupera une place prépondérante dans ce futur.

C.R : Je pense que les nouveaux gaz continueront à prendre de l'ampleur et nos métiers devront s'adapter aux évolutions du réseau. Les outils numériques devraient aussi poursuivre leur développement. Cette volonté de mettre le digital au service des métiers sera un support important pour notre avenir.